Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Fixionada

19 février 2013

*Deux tout petits chats

Deux tout petits chats vivaient bien tranquilles,

Chacun son plaisir, sa prédilection,

Pour lesquels ils avaient la patte habile,

À en jouir avec délectation.

 

Le chat blanc, qui était de porcelaine,

Aimait le monde s'en s'y frotter trop,

Trop effrayé par la vie, par la haine,

Qu'il préférait toujours voir en vitraux.

 

Le chat roux, quant à lui, était d'argile ,

Aimant le monde, pour mieux s'en moquer,

Le sérieux le rendant bien trop fragile,

Bien trop enclin à se laisser croquer.

 

Le chat blanc qui avait le coeur scalène,

Enfermé dans ses refuges claustraux,

Murmurait quelques faibles cantilènes,

Y cherchant des bénéfices lustraux.

 

Le chat roux qui avait le coeur facile,

Faussement fermé, par peur de choquer,

Drapé dans sa dignité indocile,

Risquait parfois même de suffoquer.

 

Plus qu'à leur habitude, sans méfiance,

Quand ils se croisèrent, tous deux s'ouvrirent,

Sans trop parler, de peur qu'il faille en rire.

À leurs contradictions, une défiance.

 

Le chat blanc se sentit vite oppressé,

Par les élans du chat roux trop pressé

Qui s'étonna de cette indifférence,

Et de ce regard soudain de faïence.

 

Deux tout petits chats vivaient bien tranquilles,

Le chat blanc perclus de déréliction,

Au petit jeu de l'amour, malhabile.

Le chat roux perdu dans son affliction.

Publicité
Publicité
19 février 2013

*Les rimes de sang

Nous nous sommes trouvés par plume et par hasard,

Deux oiseaux égarés que rien ne rapprochait,

À part quelques poèmes un peu trop bavards,

Qui trop tôt nos coeurs et nos âmes ont enflammées;

 

Peut-être t'ai-je fait peur avec trois fois rien,

Mais cependant, je ne te voulais point de mal,

Toi tu te voulais libre, le coeur en cavale,

Si naïf mais qui ne me voulais que du bien.

 

À présent tu te murres dans l'indifférence,

Quel poète choisit comme arme le silence ?

Et ne trempe plus sa plume que dans le sang

Sans but mais pour la cruauté d'être blessant ?

 

Ainsi tu vois, nos rimes qui se sont croisées,

Jouèrent à s'embrasser et à s'embraser,

Les voilà qui se suivent sans plus se mêler,

Plates et fades qui ne seront plus miellées.

 

14 janvier 2013

Cinq jours depuis que nous nous sommes vus, Cinq

Cinq jours depuis que nous nous sommes vus,

Cinq tours que la sphère s'est révolue,

Nous avons parlé, mais l'écran transforme,

Chaque mot que la parole performe.

 

Ainsi donc sans s'être une fois revus,

Mes rimes te sont pourtant dévolues,

Quel est ce sentiment protéiforme

Qui plonge mes peurs dans le chloroforme ?

 

L'identifier sera peut-être ardu,

Pourtant il faudra bien lui donner forme,

Avant que pour nous il ne soit perdu.

 

Je ne souhaite pas que tu te conformes,

À quelque emportement tant attendu,

Mais ma patience' n'est pas semperiforme.

12 janvier 2013

Fata, ae

Quatre petites gouttes blanches,

Merveilleuses perles de lait,

Toutes suspendues à leur branche,

Goûtaient le vent et ses bien faits.

 

La première voulait le sol,

La seconde rêvait d'envol

La troisième aux cimes songeait

La dernière ne bougerait.

 

Lorsque les bourrasques soufflèrent,

Toutes les quatre s'effondrèrent.

 

La première eût ce qu'elle voulait,

La seconde en sembla si près,

La troisième put en pleurer,

La dernière en fut désolée.

 

Ainsi est-il inutile de lutter

Contre ce vers quoi on est incliné

Puis de mourir avec ou sans regret.

Ainsi pouvons-nous ou non essayer.

11 janvier 2013

Qu'elle est belle cette femme amoureuse Qui fixe

Qu'elle est belle cette femme amoureuse

Qui fixe son homme à la mine heureuse ;

Qu'il est fier et plein de dignité,

Qui contemple cette grande beauté.

 

Qu'elle est belle cette femme amoureuse

Dont les yeux trahissent qu'elle est heureuse,

Il lui tend un met, elle tend le bras,

Le porte à sa bouche qu'on ne voit pas.

 

Qu'elle est belle cette femme amoureuse

Dont on ne voit que les yeux d'amoureuse.

Elle cache tout sauf ses yeux, par un voile

Qui à eux seuls, entière la dévoile.

 

Publicité
Publicité
11 janvier 2013

Le chercheur d'étoiles

Si beau jeune homme qui jamais ne te dévoile,

Comme un chat aux longues griffes noires de jais,

De trop creuser la terre à chercher une étoile,

Ne dois-je attendre de toi toujours qu'un rejet ?

 

Quand ce soir-là, les fines lames de nos mains,

Caressaient nos paumes, comme on creuse la terre,

Pouvais-je vraiment espérer des lendemains

Où nous ne creuserions plus en solitaire ?

11 janvier 2013

Deux étoiles

Deux étoiles s'étaient croisées au crépuscule,

Douces chrysolites dans le noir vespéral.

Dedans le ciel immense, deux yeux minuscules

Devinant dans la nuit, un moment puerpéral.

 

Ainsi donc, solitaires et mélancoliques,

Elles contemplèrent, sous le ciel endormi,

Incitant aux rêveries les plus bucoliques,

La lumière d'un astre qui se raffermit.

 

Longtemps chacune avait recherché un tel astre,

Toujours traqué cette lumière qui les éblouirait,

Parfois sans crainte ni peur, frôlant le désastre.

 

Longtemps égarées, de ciel en ciel elles iraient,

Errant dans l'univers sans carte ni cadastre,

Avant de comprendre enfin, qu'elle n'y trouveraient

                                                  Que l'astre qu'elles y créeraient.

11 janvier 2013

Tu écris en larmes de sang

Tu écris en larmes de sang

Sur des feuilles de kératine,

Ces blessures que tu ressens

Comme des lames adamantines.

 

Du visage, l'encre descend

Hors de ton oeil d'alizarine,

Suivi par ton regard pressant,

En rendant ta peau purpurine.

 

Comprends-tu ce que tu ressens ?

Connais-tu ce qui te surine ?

Cet ennemi incandescent.

 

Ton grand trouble n'est pas récent.

Depuis longtemps il te lamine,

Ce triste démon indécent.

6 janvier 2013

À un poète nacreux, amoureux d'une fée verte...

Noyée vive en son immense cercueil de verre,
Lascive elle t'attend, ses écueils par-devers,
Que sous son emprise tu ne la descelles,
Mais ta méprise, hélas, tu ne la décelles.

Peut-être y chercheras-tu l'âme de Verlaine ?
Tu n'y trouveras, que des larmes de galène,
Y chercheras-tu aussi celle de Rimbaud ?
Ne te fatigues plus, elle est dans son tombeau.

L'encre ne se remplace pas par la thuyone,
Dans les plus beaux vers, il n'y a pas de fenchone.
Ce n'est pas l'absinthe, qui coulait dans leurs veines,
Mais l'éternité, les eaux noires de la Seine.

4 janvier 2012

Lampyris noctiluca

*La Naissance

 

Bébé blanche

Nait d'une marre de sang

Aux bords qui s'épanchent

Quand la lune descend

 

Par un matin rouge

Sous un plafond de strasse

Aux paillettes qui bougent,

Etincellent sur ta cuiasse.

 

Sur un tapis d'herbes et de larmes douces,

Tu tangues, rampes et te hisses,

Tes prunelles rousses,

Cherchant un ciel propice.

 

Les yeux fixés sur la nue embrasée ;

Les pupilles maintenant bées, irisées ;

Créature de la terre au corps tendu vers le ciel,

Sortie des eaux, amoureuse d'un air enflammé.

Publicité
Publicité
1 2 > >>
Fixionada
Publicité
Publicité